L'Empire des sens 16

L'Empire des sens

(Ai no korîda)

Nagisa Oshima

  • 1976
  • Japon
  • Drame / Érotique
  • 1h51mn
  • VOSTF
  • Couleur
En 1936 au Japon, la folle histoire de passion amoureuse et sexuelle entre Sada Abe la servante et son maître Kichizo.
L’Empire des sens est un peu au cinéma ce que L’Origine du monde est à la peinture : une œuvre d’art qui marque une transition dans la représentation graphique du corps et dans l’érotisme, au point qu’on puisse affirmer qu’il y a un avant et un après L’Empire des sens. Le mariage permanent du beau et du cru y provoque la sensation de capter l’essence de l’instant charnel et de l’orgasme. Cette alchimie, cette formule magique, Oshima en a gardé le secret. De plus, à travers le sacrifice d’un homme pour son aimée, on tient l’une des rares œuvres où le désir féminin sort victorieux, en cette quintessence du don de soi et de l’acte d’amour.

Cosey Fanni Tutti

L'Empire des Sens (Titre original: Ai no korîda) est sorti pendant que je travaillais dans l’industrie du sexe dans les années 70. J’étais très impliquée dans le monde du porno et les magazines de sexe où j’apparaissais étaient interdits, jugés pornographiques. Alors quand j’ai entendu parler du film d'Oshima, j'ai eu très envie de le voir. Oshima avait réussi à faire un film porno malgré les lois très restrictives contre l'obscénité au Japon et au Royaume Uni, en utilisant des infrastructures en France, où ces lois venaient d’être abolies. Il semblait mener un combat contre la censure et l'oppression, et pour l'exploration de la sexualité. C’est tout ce qui m’intéressait à l’époque.

Dès sa sortie, le film d’Oshima a connu la notoriété et provoqué de grandes controverses. Au Royaume Uni, la pornographie hardcore était interdite et se diffusait sous le manteau, les seules opportunités pour voir ces films (ou acheter des magazines hardcore) étaient donc les transaction privées ou quelques rares projections indépendantes. Ce qui est unique avec le film d’Oshima, c’est que contrairement au porno habituel, il ne s’agit pas ici de fantasmes, mais d’une histoire basée sur des faits réels, qui se sont déroulés au Japon en 1936. C’est l’histoire de Sada Abe qui débute une relation avec son employeur Kichizo. Le film se focalise sur le désir et le sexe, devenus obsessionnels, possessifs et dangereusement extrêmes dans le but d’accroître le plaisir sexuel des partenaires. Jusqu’au meurtre final, quand Sada étrangle Kichizo durant l’amour, puis coupe son pénis et ses testicules qu’elle garde avec elle. Dans son esprit c’est un acte d’amour mais aussi un moyen de s'assurer qu’il reste toujours à elle. La prestation d’Eiko Matsuda (Sada) et Tatsuya Fuji (Kichizo) est incroyable. Ils vous entraînent dans leur monde d’hyper-sensualité et de sexualité. Les scènes de sexe, authentiques, sont très belles et filmées de façon exquise. Au final, c’est un film sombre, et même les moments plus légers donnent une impression dérangeante. Sada réclame du sexe si souvent qu’elle épuise Kichizo qui se dévoue pour la satisfaire jusqu’au sacrifice. Quand en faisant l'amour, il dit à Sada qu’il se sent "en elle", il ne parle pas de la simple pénétration, mais de leur fusion transcendantale. Le film d’Oshima était révolutionnaire, atteignant un niveau supérieur dans la qualité de la description d’actes sexuels extrêmes, et des notions de pouvoir et de contrôle relationnels.

Séances

12/09 • 21h45 • Salle 300
Séance présentée par Cosey Fanni Tutti

Billetterie

Crédits

  • Avec : Eiko Matsuda, Tatsuya Fuji, Aoi Nakajima, Yasuko Matsui...
  • Scénario : Nagisa Oshima
  • Photographie : Hideo Ito
  • Montage : Keiichi Uraoka
  • Musique : Minoru Miki
  • Production : Anatole Dauman