Intégrale Alberto Vázquez

Né en 1980 à Coruña, en Espagne, Alberto Vázquez commence sa carrière en tant que dessinateur et illustrateur. Ses livres ont été traduits dans de nombreux pays comme la France, l’Italie ou la Corée. Lorsqu’il n’écrit pas des romans graphiques (El evangelio de Judas, Psiconautas), il collabore avec des écrivains (Jordi Sierra i Fabra, Kike Benlloch, El Hematocrito) ou illustre des classiques, tels Hop Frog d’Edgar Allan Poe. On lui doit même une magnifique incursion dans le monde de H.P. Lovecraft avec Le Cauchemar d’Innsmouth, et il est régulièrement publié dans des magazines et journaux du monde entier. C’est lorsque Pedro Rivero lui écrit pour lui déclarer son amour pour Psiconautas et lui propose une adaptation cinéma qu’Alberto Vázquez passe le pas de l’animation en la co-réalisant avec Rivero tout d’abord pour un court-métrage en 2012 (qui obtiendra un Goya la même année) puis pour un long en 2015.

Emporté par cet élan, Alberto Vázquez continue à réaliser ses œuvres en solo (Unicorn blood, Decorado, Homeless Home), maintenant cette singularité graphique entre enfance et cauchemar. Son univers tient du trompe-l’œil, du jeu de dupes, mimant d’abord la candeur, les formes naïves et épurées de jolies créatures imaginaires aux rondeurs séduisantes pour les plonger dans l’apocalypse la plus brute. Derrière l’inspiration ingénue l’inquiétude guette, le tourment s’installe.

Sur ces petits monstres stylisés aux gros yeux à mi-chemin entre peluches maltraitées et squelettes, on collerait un peu trop vite l’étiquette « Tim Burton », solution de facilité pour ranger les œuvres dans des cases dès que le conte se décompose. Pourtant le morbide du cinéaste américain paraît bien gentil, bien doux comparé à la manière dont Alberto Vázquez confronte ses personnages à la cruauté de leur environnement, utilisant l’imaginaire comme une allégorie de l’horreur de notre monde. La drogue, la délinquance, l’impasse écologique, la violence faite à la jeunesse comme des fleurs qu’on foule aux pieds, tels sont véritablement les thèmes sombres abordés par Alberto Vázquez sous ses traits faussement naïfs. Si l’on devait se risquer à des comparaisons, on pourrait se tourner vers le Junk Head de Takahide Hori ou le Mad God de Phil Tippett. Alberto Vázquez est également le concepteur du jeu vidéo noir et blanc Microbian dans lequel un microbe arachnide tente de survivre dans un milieu hostile... infernal, bien évidemment.